A peine rentrée d’un festival de massage tantrique et en plein debriefing avec moi-même sur ce que mes expériences aoutiennes m’ont apportées, je me retrouve à me prendre conscience qu’un chemin s’ouvre devant moi pour l’accompagnement de couples.
Et oui, qui l’eût cru, moi la réfractaire au couple, moi la défenseuse de ma liberté avant tout, moi la réfrigérée de l’engagement, je me sens appelée à œuvrer pour plus de complicité, de communication, de compréhension, de toucher, de tendresse et d’Amour entre deux individus qui s’aiment et sont pourtant confrontés à des difficultés diverses et variées.
Comment en suis-je arrivée là ? Tout simplement parce que l’accent a été bien mis pour expliquer clairement que le massage tantrique dans le couple (et ailleurs également !) n’est pas un préliminaire à la relation sexuelle. C’est tellement évident pour moi que j’oublie souvent de le préciser aux couples qui viennent me voir : le massage tantrique est une bulle hors du temps, un moment de connexion, de partage, de communication, de toucher sans intention qui va venir remettre du lien, de la douceur…
De ce constat a suivi la question de savoir comment je me sentais avec l’idée d’être en couple : pour la première fois de ma vie, j’ai été sollicitée par différents hommes qui semblaient montrer un réel intérêt pour ma personne. Je ne m’y attendais pas du tout, je suis surtout venue à ce festival pour rencontrer d’autres masseurs/masseuses tantriques et partager sur nos pratiques, nos questionnements…
C’est ainsi que j’ai constaté que ma vision du couple était plus sereine, plus posée et ce au fil de plusieurs expériences vécues ces derniers mois.
Cela a commencé avec ma participation en tant qu’assistante aux stages de Tantra Couple. La première fois j’oscillais entre « Ils sont trop choux, finalement c’est pas si terrible que ça le couple » où je me sentais pleine d’Amour pour ces duos aventureux, et « Je suis bien mieux célibataire » avec un grand pas en arrière lorsque des tensions apparaissaient et que des clashs survenaient. Lors du second stage j’ai de suite vu et ressenti l’Amour circuler entre les participants et je les ai trouvés beaux et courageux à partager ce qu’ils vivaient. J’ai senti que quelque chose en moi s’ouvrait et que je n’étais plus si réfractaire à l’idée même d’être un jour en relation de type « couple ».
Jusque là, l’idée même d’être en couple, me hérissait le poil, du genre « épidermie réactionnelle » à me faire fuir en courant pour protéger ma sacro-sainte liberté. Aucun homme ne trouvait grâce à mes yeux, enfin presque ! 😉
Lors d’un stage de tantra où j’étais participante, j’ai eu une révélation quand, dans un cercle de parole, un homme témoignait de sa prise de conscience : il avait organisé sa vie pour ne pas s’engager, pour éviter de souffrir. Ses paroles ont vivement résonné en moi et j’ai compris que j’avais fait de même depuis la séparation d’avec le père de mes enfants : j’avais choisi ou je m’étais laissée choisir par des hommes avec lesquels je savais inconsciemment que cela ne fonctionnerait pas. Tout ça par peur de souffrir, d’être blessée, piétinée, écrabouillée. J’étais (et peut-être suis encore 🤔 ?) une dépendante affective qui ne s’engage pas (à contrario de ceux et celles qui s’accrochent à un partenaire).
Et mon armure de distanciation, de froideur et de peurs a attiré vers moi des hommes qui ne me correspondaient pas. Bien-sûr que la blessure originelle remonte à plus loin, qu’elle est liée à mon enfance, à mes parents mais jusqu’alors je n’en étais pas consciente et je ne comprenais pas pourquoi je me foirais toujours dans mes histoires de cœur. Ce qui m’a décidé à n’avoir que des histoires de sexe et ainsi éviter tout engagement. Et alors j’ai navigué, papillonné, butiné tout en espérant, quand même, au fond de moi trouver le « bon » partenaire. En vain !
Aujourd’hui, tout cela me semble logique : pour faire une belle et vraie rencontre, il est nécessaire de commencer par se rencontrer soi-même, par regarder et affronter nos ombres, nos peurs, nos blessures, nos faiblesses, par voir notre lumière passer à travers nos failles, l’admirer et la faire rayonner au plus profond de chacune de nos cellules. Et il est vrai qu’avec le Tantra, je suis allée à la rencontre de mes parts sombres, de moi-même, de ma cuirasse, de mes couches de protection, de mon mode « hérisson ». J’ai intégré, transmuté, cheminé vers plus d’Amour de moi, plus de compréhension de mes fonctionnements et de mes conditionnements, plus de respect et de pardon envers moi-même.
Le second point qui m’appelle au niveau des couples et de leur accompagnement est la formation d’Éroguide que je viens de commencer avec Laura Pynson (si, si souvenez vous, je vous ai déjà parlé de ses Érotypes®!😉). J’ai décidé de me former à ces nouveaux « Archétypes d’Eros » qui me parlent énormément et m’ont permis de mettre de la compréhension sur certains de mes anciens comportements relationnels et sexuels. J’envisage même une offre complémentaire à celle que je propose déjà pour les couples avec cet outil ! Chouette projet qui me met en joie et me remplit d’enthousiasme.
Un autre témoin interne de mon changement de paradigme est venu en écoutant mes ami.e.s tantrikas, célibataires comme moi, qui sont aujourd’hui « Full in Love » avec un partenaire dernièrement rencontré. D’échanger avec eux/elles m’a permis de constater que ma peur de l’engagement avait diminué. Je ne vais pas mentir, je la sens encore un peu tapie en moi, au fond de mon cœur ; pourtant c’est comme si elle avait décidé de rester à l’écart, de ne plus être sur le devant de la scène, d’observer (quand même !) mais de rester discrète et effacée.
En écrivant ses mots, mon cœur s’emballe un peu, ma respiration s’accélère et je ressens encore une certaine fragilité émotionnelle et une vulnérabilité sentimentale. Pourtant j’ai maintenant des outils de communication vraie, j’ai appris à dire oui ou non en conscience et connectée à mon corps, je sais ce que je veux ou ne veux plus ; malgré tout je ne sais encore si j’oserais me dévoiler dans ma nudité affective avec honnêteté.
Ironique pour une masseuse tantrique dont les client.e.s se mettent généralement nus, non ?
Je crois que ce que j’appréhende le plus c’est l’intimité. La vraie, celle du cœur et non celle du corps que j’affectionne tant. En regardant au dessus de mon épaule vers mon passé relationnel et amoureux, je me demande si, un jour, j’ai été vraiment intime avec un homme. Un ex me reprochait lors de notre séparation de ne rien savoir de moi et effectivement, il avait raison : jusqu’alors je ne me livrais que difficilement, sporadiquement et superficiellement.
Je pense que c’est sur cet aspect (et non des moindres) de l’intimité du couple que je vais pouvoir mesurer si j’ai effectivement évolué et si je suis fin prête à m’afficher comme telle. Au pire, qu’est ce que je risque ? Un non ? Une fin de non recevoir ? Et alors ? Au moins j’aurais essayé et je saurais où j’en suis dans ma relation avec moi même ! Alors action !!!