Aujourd’hui j’ai choisi de vous parler d’un vaste sujet, qui peut fâcher j’en conviens, mais qui pourtant occupe une part importante des échanges que je peux avoir avec les hommes dans le cadre de mon travail : l’érection (ou son absence 🙄) !
A un moment donné, que ce soit par téléphone lors de la prise de contact avant un Rdv, en face à face avant le massage quand j’explique le déroulé de la séance ou bien après le massage lors du partage des ressentis, ou même encore plus tard, lors d’un retour d’expérience ou à l’occasion d’un second, voire troisième Rdv, le sujet de l’érection, ou de la non érection est abordé par mes clients. Et oui, je masse principalement des hommes ! 😉
Le fait que j’ai suivi une formation de sexothérapie et que j’en parle ouvertement est propice à créer un climat de confiance, un cadre sécurisant pour que les hommes ayant des difficultés érectiles ou de rétention d’éjaculation (éjaculation prématurée étant le terme adéquat, plutôt que précoce) puissent s’autoriser à en parler librement et sans jugement. Certains hommes viennent justement expérimenter le massage tantrique dans ce but, ce massage étant préconisé par certains thérapeutes pour les aider à avoir plus de conscience corporelle et ainsi à mieux contrôler leur excitation, leur érection.
Il faut dire que même si les parties génitales sont massées, elles ne sont pas stimulées. Oui je sais, pas facile de comprendre la différence entre massage et stimulation (voire masturbation), surtout quand on ne l’a jamais vécu dans son corps et qu’on reste bloqué dans ses fantasmes et/ou dans les fausses croyances véhiculées autour de ce massage.
J’ai reçu un jour un SMS d’un client qui me demandait comment j’avais fait, que c’était magnifique et qu’il n’avait jamais vécu un tel massage, intense et sensuel, sans pour autant aller jusqu’à éjaculer ! Malheureusement il souhaitait un second Rdv avec « finitions » … 😬
Et oui, ce massage peut tout changer sur ce que vous croyez savoir sur le sexe et la sexualité : même quand je masse le sexe, je n’y mets aucune intention d’ordre sexuel. En Anglais, il existe un mot pour désigner les organes sexuels qui diffère de celui pour désigner les relations sexuelles : Génitals / Sex. En Français, on utilise le même mot, SEXE, quand on parle de genre (féminin / masculin), de biologie et des organes génitaux, des relations humaines de nature sexuelle (la sexualité), des métiers qui sont en rapport avec le sexe (de la médecine avec les sexologues à la prostitution avec les TDS, les Travailleur.euse.s Du Sexe). De quoi faire un amalgame ambivalent, confusant et perturbant, n’est-ce pas ?
Il est vrai que le Tantra va jouer avec l’énergie de vie pour venir la faire circuler et la diffuser dans tout le corps, dans toutes les cellules corporelles. Or ce flux d’énergie naturelle, (nommé Chi, Qi, Prana, Oljas …selon les cultures orientales), induit aussi l’énergie sexuelle dont la manifestation physique, chez les hommes, est souvent … une érection. Et voilà, une ambivalence de plus à ajouter à ce sujet et sans doute la porte ouverte à certaines pratiques soit-disant tantriques alors que purement sexuelles !
Et si, maintenant, je vous écris qu’un homme peut avoir un orgasme sans éjaculation ? En effet, l’éjaculation est « juste » un processus de décharge physique avec libération du sperme (un orgaste serait la bonne terminologie à utiliser) alors que l’orgasme est une addition de réactions chimiques liées à une sensation de plaisir profond, d’émotions et de sentiments agréables qui font que l’on ressent du plaisir. Étonnant non ? Cela ne vient-il pas bousculer tous ces concepts archaïques sur la virilité, sur la masculinité et donc sur l’érection ?
Nous ne vivons plus dans une société où la reproduction est l’élément fondateur de l’acte sexuel ; aujourd’hui la notion de plaisir a pris le dessus, la pénétration n’étant plus la seule possibilité pour partager du plaisir, l’érection n’est donc plus « obligatoire ».
Et pourtant, beaucoup d’hommes sont encore bloqués dans cette représentation stéréotypée du « Je bande donc je suis »!
Je le constate régulièrement dans mes massages quand je sens le périnée se contracter sous mes mains alors que je masse les parties génitales, ou bien le bassin essayer de se frotter contre mes mains, dans l’espoir sans doute d’ainsi faire venir cette fameuse érection, … en vain !
Ce n’est pas faute de leur expliquer qu’en moyenne, lors de mes massages, un homme sur deux a une érection (et donc 1 sur 2 n’en a pas) et que si érection il y a, je n’en fais rien, nada, peau de zob (la pertinence de cette expression ! 😀) !!!
J’ai l’impression que, pour certains clients, bander est un challenge, comme pour prouver quelque chose ? A qui ? Quoi ? Et pour quoi d’ailleurs ? Parfois je me permets de leur rappeler que de tenter de contracter leur périnée a l’effet inverse à celui désiré, que la verge a besoin d’être détendue pour pouvoir se gorger de sang et ensuite s’ériger.
Le massage tantrique invite chacun.e à explorer un autre aspect de sa sexualité en transformant chaque moment en une expérience de connexion à soi, en s’imprégnant de chaque sensation, de chaque mouvement lent, doux et sensuel pour plus de détente, de lâcher prise, de plaisir et de voyage sensoriel.
Pour les hommes, finie la course effrénée à l’érection et encore moins à l’éjaculation : ne rien faire de ces manifestations physiques, les laisser vivre leur vie sans intention aucune, juste en profiter pour augmenter son niveau de conscience corporelle et se reconnecter à sa nature divine et sacrée.
N’oublions pas que le massage tantrique est, de base, un massage sacré qui vient reconnaitre, vénérer et honorer notre masculin sacré, notre féminin sacré, la part divine qui est en chacun de nous. Selon la philosophie tantrique, le féminin et le masculin sacrés étant profondément liés, ils se complètent dans le fonctionnement du monde et en chacun de nous. Le tantra nous invite à nous libérer des conditionnements, des carcans, des mécanismes de protection et de défense inconscients pour cheminer en conscience vers l’Union de notre Masculin et de notre Féminin Sacrés, vers notre part divine.
Mesdames, n’oubliez pas que les hommes ne savent pas définir dans quel état est leur appendice sexuel : ils ne connaissent que deux statuts : mou ou dur, en berne ou en érection. Soyez indulgentes avec eux lorsqu’ils se touchent l’entre-jambes pour le vérifier et expliquez leur qu’on se moque de savoir s’ils bandent ou non, que la pénétration n’est pas une fin en soi ! Dédramatisez leurs pannes, leurs difficultés : il existe bien d’autres formes de sexualités, d’échanges de plaisirs, de connexions et de preuves d’Amour.
Messieurs, oubliez toute sexualité normée, compulsive, récréative, toutes vos idées préconçues de puissance, de virilité et de force et venez goûter à la douceur de vous abandonner au Sacré, au plaisir serein d’être un Homme Divin, dont la confiance et la puissance sont liées à votre verticalité interne et non à la verticalité de votre appendice sexuel !
Car c’est aussi cela le tantra : trouver son axe, se réaligner, apprécier chaque minute de sa vie en présence, en conscience et (re)découvrir une sexualité émotionnelle, plus riche, plus profonde et plus intense.