Suite à une discussion passionnante avec un client cette semaine, j’ai eu l’envie de vous initier un peu ( ou même plus, va savoir ! 😉) aux possibles du pourquoi de la réputation sulfureuse du Tantra par rapport au Sexe et à la Sexualité Sacrée ; comme souvent, il n’y a pas de fumée sans feu.
Comme vous le savez si vous me lisez, le Tantra a changé ma vie dans de nombreux domaines : professionnel, développement personnel, vibratoire et sexuel. Je me rends compte en effet que depuis que j’ai commencé à cheminer sur la voie tantrique, ma vie sexuelle a bien changée. Je me respecte plus, je suis plus à l’écoute des besoins de mon corps (qui eux-mêmes ne sont plus les mêmes qu’avant), je suis plus connectée à mes désirs, à mes envies, à mes limites et je peux maintenant poser un vrai OUI ou un vrai NON. Je sais aussi partager ce qui me traverse intimement sans jugement aucun, ni envers moi même, ni envers la réaction de mon partenaire, cette dernière lui appartenant. J’ai appris à mettre de la légèreté et de la joie dans mon quotidien jusque dans ma vie sexuelle. Bref une transformation radicale et profonde qui me permet d’aborder plus sereinement ma vie actuelle et ses diverses phases.
Alors pourquoi le Tantra traine t-il donc avec lui une réputation si sulfureuse, si orientée sexuelle qu’un grand nombre de personnes le réduit à cet aspect limité et limitant de tout ce qu’il peut représenter ?
Le Tantra est né en Inde il y a plusieurs millénaires. Il est la contraction de deux mots sanscrits : TANoto ( Expansion de la conscience) et TRAyati (Libération de l’énergie). C’est donc une quête d’Unité de l’Être dans toutes ses dimensions. Le terme de « tantrisme », quand à lui, est récent et a été crée en occident au XIXème siècle. Le Tantra se veut la continuité des Textes Sacrés, les Védas (Vid = savoir, connaissance en sanscrit) qui sont un recueil de textes religieux et philosophiques révélés aux sages anciens pendant leurs médiations et qui placent le Désir à l’origine de toute création. Outre leur aspect « connaissances et vérités universelles et éternelles de la vie et de l’existence », les Védas proposent un nombre impressionnant d’histoires et de légendes sur le panthéon de la mythologie indienne.
Je suis sure que vous avez déjà entendu citer le nom de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, de Brahma le Dieu Créateur, de Kali, la déesse de la destruction et bien sur de Shiva le Dieu de la transformation. Le culte de Shiva est resté très présent en Inde avec des rituels spécifiques comme celui de la vénération du Lingam, le mot sanscrit pour le sexe masculin.
Le Tantra prône l’union de Shiva, la Conscience Divine, de nature masculine à Shakti, l’énergie pure, le pouvoir féminin primordial. Shiva-Shakti est donc l’union mystique de la conscience masculine et féminine en nous et dans tout le Cosmos, l’idée étant d’éveiller notre conscience à l’Unité pour être pleinement en lien avec toutes les parties de notre Soi Supérieur et avec tout notre environnement. Un(e) tantrika va donc viser à « transcender » son être pour être connecté(e) par un puissant sentiment d’Amour aux forces de l’univers et aux autre tantrikas. Cela peut se faire de différentes façons, soit en solo comme par la respiration, par le contrôle du souffle, par des méditations pour réveiller et stimuler la Kundalini, cette énergie de vie, sexuelle qui se loge au niveau du Sacrum dans notre corps physique (chakra sacré) soit en groupe par la participation à divers rites sacrés ancestraux.
J’imagine que vous commencez à comprendre les dérives qui sont faites autour du Tantra. Il faut également prendre en compte que le tantra de cette époque (il y a environ 1000 ans) était un mouvement réactionnaire opposé au Brahmanisme (qui lui prônait une « idéologie de la rétention » avec un système de castes, la dévalorisation de la femme, l’idée de « ne pas nuire »…) afin de revenir à l’idéologie première des Védas avec le Désir comme voie de liberté et d’élévation. Et pour cela un chemin composé de rituels s’est développé clandestinement afin de conserver sa forme la plus pure et d’empêcher des personnes mal avisées de dévier de cet enseignement. L’homme et la femme initiés devaient être libres de doute, de peur ou de convoitise. Leur principal échange est de l’ordre de l’énergie sexuelle afin d’alimenter une sorte d’alchimie interne, fusionner l’énergie spirituelle pour unir les différents éléments du moi, atteindre un état de conscience modifié en vue de transcender l’Esprit, dépasser l’Ego et atteindre le bonheur spirituel. Tout un programme non ? 😉
Le rituel de purification « Pancha Makara » ou rituel des 5 M, réservé à certains initiés uniquement, transgresse les interdits sociaux et moraux de la société conservatrice de l’époque, chaque « M » renvoyant à une « substance spécifique » :
- – Madya : Vin (la consommation d’alcool a toujours été désapprouvée par beaucoup de courant religieux)
- – Mastya : Poisson (Ahimsa : éthique de non préjudice aux animaux)
- – Mamsa : Viande (idem)
- – Mudra : Grain Séché (plaisir/drogue)
- – Maïthuna : Sexualité sacrée (rapports sexuels avec restriction d’orgasme pour élever la Kundalini dans les chakras supérieurs).
Deux voies se sont alors développées, celle dite « de la main droite » qui interprète et pratique symboliquement ce rituel (cf le Yoga qui propose par exemple des mouvements pour la transformation des énergie vitales fondamentales). Chaque M peut aussi correspondre à un des 5 éléments, à un des 5 sens ou bien encore à un niveau symbolique spirituel (le Maïthuna représentant l’union du féminin et du masculin, des énergies cosmiques et telluriques…). L’autre voie est celle dite « de la main gauche » qui suit à la lettre les différentes étapes et le rythme de ce rituel complexe et codifié. Ah ah, enfin une piste de compréhension du pourquoi de l’amalgame Tantra/Sexe…
Le maître indien « Osho » est arrivé en occident dans les années 60 et a importé des techniques de méditations actives et passives pour transformer sa vie et la célébrer : c’est le Néo-tantra. Osho était un adepte de la libération spirituelle et sexuelle qui a su profiter de la vague naissante des thérapies comportementalistes (1960 : Behaviour Therapy: 1er livre qui traite de processus psychothérapeutiques). Il a crée un mouvement qui propose des exercices issus des courants de thérapies psychocorporelles en les mixant avec des adaptions de rituels traditionnels, des techniques de respiration, des massages… La transgression d’interdits sociaux et moraux et l’utilisation de la force de l’énergie sexuelle dans le Tantra a fortement résonné avec le mouvement de libération sexuelle de l’époque ; la promesse d’atteindre des états de conscience extatiques, de s’affranchir des limites du corps et de l’esprit a fait fantasmer de nombreux occidentaux. Le néo-tantra est une voie de déprogrammation des croyances, conditionnements, concepts et jugements de la société dans laquelle nous vivons qui est parfois mal interprétée et sujette à dérives sexuelles.
Le Tantra fait encore fantasmer de nombreuses personnes qui voient dans le massage tantrique une pratique sexuelle « légale » alors qu’il s’agit d’une vraie démarche spirituelle, qui célèbre la vie dans sa totalité et dont le but n’est pas l’affirmation de soi mais l’affirmation du Soi dans une attitude de détente et de disponibilité pour ce qui advient.
Le Tantra est la seule voie qui fusionne les sphères spirituelles et sexuelles pour toucher le Divin au quotidien dans le monde terrestre et non pas demain, dans l’au-delà. La mise en œuvre de moyens aidant le cheminement spirituel du ou des participants permet à cette approche de bien-être intégral une meilleure connaissance de soi, harmonise les énergies, aide à vivre en pleine conscience à chaque instant et à se sentir lié et connecté avec tout ce qui nous entoure. Un peu comme dans Avatar, le film, avec le lien spécial qu’entretiennent les Na’vis avec Pandora, leur planète et avec tout le monde du vivant. D’ailleurs leur salutation « Je te vois » me fait beaucoup penser au « Namasté » qui symbolise que je vois, je reconnais et j’honore le divin en celui que je salue ainsi !
Parce que oui, s’il y a bien une chose très puissante que m’a apprise le Tantra et que j’applique avec toutes les personnes que je rencontre (de façon plus ou moins évidente je le reconnais 😉), c’est bien d’essayer de voir et d’honorer la part divine qui est en chacun de nous et ce quelque soit sa vision du Tantra et de la Sexualité. 💫✨