Cela fait plusieurs fois que j’ai l’impulsion de vous parler de cette théorie qui vient de révolutionner (et oui, rien que ça !) ma compréhension de certaines de mes sur-réactions et habitudes comportementales délétères.
C’est tellement énorme que je pense sincèrement que plus il y aura des personnes à connaitre cette théorie (et à l’utiliser au quotidien), moins il y aura de violences verbales et physiques, d’incompréhensions, d’auto sabotages… La liste des bienfaits de cette pratique s’allonge à chaque fois que j’ai l’occasion de m’y confronter et c’est peu dire !!!
Le we dernier j’étais en préparation d’Érotypia, le Festival des Érotypes® que Laura Pynson prévoit organiser l’été prochain en Normandie. Oui, vous pouvez déjà noter cela dans un coin de votre tête, je vous en reparlerai en temps voulu 😉.
Bref, nous étions une petite vingtaine d’éroguides à réfléchir sur les ateliers que chacun.e pouvait proposer en fonction de sa sensibilité, de ses connaissances, de sa zone de génie… et l’une d’entre nous a testé un atelier assez original sur la TPV, la Théorie PolyVagale.
Cette Théorie Polyvagale nous vient des Etats-Unis, de Stephen Porges, un scientifique qui en 1994 a partagé sa découverte sur l’existence d’une nouvelle structure neurologique (le nerf vague ventral) permettant de moduler la réponse de notre SNA (le Système Nerveux Autonome régule nos fonctions non soumises au contrôle volontaire comme la respiration, la transpiration, la digestion, les battements cardiaques…).
Avant 1994, notre SNA était compris comme composé uniquement du système nerveux sympathique et du parasympathique, le support neurologique principal de ce dernier étant le nerf vague (le nerf plus long du corps qui part de la base du cerveau et descend jusqu’aux intestins par de nombreuses ramifications).
La grande nouveauté de cette théorie est que ce nerf vague est lui-même composé de deux branches : le nerf vague dorsal et le nerf vague ventral : notre SNA aurait non pas 2 mais 3 branches, chacune ayant une fonction spécifique et apportant des « réponses » différentes aux situations auxquelles l’humain doit s’adapter.
Selon S. Porges, il existe une hiérarchie automatique dans notre système nerveux : certains états s’activent automatiquement selon le danger perçu. Ces états sont directement hérités de l’évolution de notre « mémoire » archaïque, de l’époque où faire le mort (figer), puis fuir ou faire face étaient les seules possibilités de survie face à un danger de vie ou de mort, comme face à un prédateur par exemple… On retrouve d’ailleurs ces réactions primales chez nos amis les animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiqués.
On parle souvent des 4 F comme « réponses automatiques » de notre SNA face à une situation de danger, de stress. Je vous entends déjà vous dire : 4F ? mais elle n’en a cité que 3 ! 🤔
Alors les voilà et en anglais puisque ce moyen mnémotechnique fonctionne mieux dans la langue de Shakespeare : Freeze (figer), Fight (se battre), Flight (fuir) et Fawn (faire plaisir, flatter, séduire).
Cette dernière façon instinctive et inconsciente de répondre à un danger (plaire aux gens pour limiter leur agressivité) serait plus récente : on imagine mal nos ancêtres chercher à séduire une panthère ou un mammouth, non ? 🤔😄
Chaque type de réaction physiologique de base est lié à une hormone bien connue, l’adrénaline, qui a aussi la fonction de neurotransmetteur et qui peut avoir un effet stimulant (le plus connu) ou paralysant.
Mais revenons à notre hiérarchie du SN : imaginez une échelle où, sur les barreaux du haut, le soleil brille : c’est là que règne le système Ventral, la branche du nerf vague responsable des états de bien-être et de détente. On profite de la vie, on est dans le flow, dans la fluidité, en sécurité et en connexion : tout va bien. Et lors d’un léger stress on sait se réguler seul ou aller chercher de l’aide pour se co-réguler, avec des amis, de la famille… (parfois le simple fait de raconter ce qui nous arrive suffit à nous réguler !) On observe donc un cycle fluide entre Dérégulation 🔄 Régulation et la vie continue tranquillement.
En descendant quelques barreaux de l’échelle, on trouve des situations où le stress devient trop important ou est cumulé avec un autre stress en cours, non régulé : notre système nerveux sympathique (SNS) prend ici le relais avec des réactions de Fuite ou de Combat selon notre mode privilégié (souvent hérité de l’enfance 😉).
Je suis sure que vous avez déjà entendu parler d’histoires de personnes qui lors d’un accident ou d’une agression, n’arrivent pas à bouger et restent bloquées, comme anesthésiées, alors même qu’elles voudraient se sauver ou bien répondre physiquement à cette attaque ? 🤔 C’est ce qui arrive lorsque le stress est trop fort ou bien qu’il y en a trop, depuis trop longtemps et qu’on est en état de survie : c’est la zone basse de l’échelle, celle du nerf vague dorsal. On y voit le monde comme dangereux, tout le temps !
Vous imaginez bien qu’il est plus compliqué de revenir à un état régulé (Ventral) depuis un état dérégulé du Sympathique que depuis un état dérégulé du Dorsal. Surtout qu’il faut passer par le Sympathique depuis le Dorsal pour revenir au Ventral : c’est le concept d’échelle autonome.
En mode Sympathique ou Dorsal, les réactions sont automatiques et conditionnée. Notre SN crée des tensions dans notre corps qui affectent nos perceptions et nos réactions, tout comme nos parts psychiques affectent également involontairement ces perceptions et réactions ! Et si on reste bloqué dans un état de stress continu, coincé dans ces réactions automatiques, cela peut déclencher un burn-out, par exemple. Le burn-out est donc l’état extrême d’une sur-stimulation incessante du système nerveux sympathique. Notre SN et nos parts psychiques sont liées : nos relations intérieures impactent nos relations extérieures et donc notre fonctionnement physique, psychique et social !
La TPV apporte aussi des lumières sur la notion de « neuroception » : comment notre SNA capte les informations ?
C’est une sorte de système de surveillance interne qui vérifie les signaux de sécurité (Nerf vague Ventral), de danger (SNS) et de survie (Nerf vague Dorsal). A mesure que notre SNA utilise ses 3 branches en mode va et vient sur l’échelle autonome, notre perception du monde (et de ses dangers) évolue. Et les signaux varient pour chacun : ce n’est pas « l’évènement » qui crée notre réaction, c’est nous-mêmes en fonction de notre histoire personnelle, de notre éducation, nos mémoires émotionnelles, de nos traumatismes physiques, psychologiques … Je suis sure que votre « réaction » face à une araignée, une souris ou un serpent n’est pas la même que celle de vos voisins, amis selon que vous y voyez, inconsciemment, un danger ou non.
Une personne ayant vécu un trauma (choc ou évènement perçu comme une menace vitale) psychologique (violence verbale, critiques, remarques désobligeantes…) ou physique (coups, gifles, griffures, pincements…) de façon récurrente et répétée va avoir un système nerveux en alerte constante et donc vivre dans la fuite ou l’agressivité en permanence (voire au pire déconnectée, dissociée) : elle est en état de traumatisme (= conséquence qui dure dans le temps, souffrance psychique et/ou physique causée par un trauma).
Le 3ème apport, nouveau, de la TPV est la co-régulation : une personne va utiliser son ventral pour aider une autre personne dérégulée à trouver le chemin de la régulation et le retour à son propre état ventral. C’est ce qui se passe avec les bébés et les enfants qui ont besoin que l’on prenne soin d’eux pour les aider à se réguler. En grandissant cela sert de base pour l’autorégulation, quand, bien évidemment, on a été régulièrement co-régulé. Nous ne pouvons ressentir du bien-être que quand les 3 parties de notre SNA fonctionnent ensemble sur une base stable : la sécurité. D’où l’importance de l’environnement de la petite enfance et de l’enfance, comme vous pouvez vous en douter 😉.
Oui je sais, cela fait beaucoup à intégrer et les perspectives de cette découverte sont vertigineuses : retenez juste qu’il y a une hiérarchie dans les différents circuits neuronaux de nos états d’être et que la co-régulation est la clé de la régulation et de l’auto-régulation. C’est pourquoi il me semble important que chacun sache déceler ce qui l’active, ce qui le met en dorsal ou en sympathique et comment on revient à son état ventral. Toute hyper-réactivité nous renseigne sur l’agitation de notre système nerveux et fait le lien avec une éventuelle mémoire traumatique.
Sachez qu’on peut rééduquer son système nerveux en restant dans le présent, sans avoir besoin de retourner dans son passé : bonne nouvelle, non ? Parce qu’au final, nous venons tous au monde câblés pour vivre en connexion les uns avec les autres et ainsi créer un sentiment de sécurité partagé.
Et si la clef de notre bien-être général était dans l’autorégulation individuelle de notre Nerf Vague Ventral ? Je vous laisse méditer la dessus (et vous avez 3 heures ! 😄😄😄).
Si ces sujets vous intéressent, je ne peux que vous inviter à lire le livre de Stephen Borges sur la théorie Polyvagale et le sentiment de sécurité (passionnant quoique très théorique).
Je vous conseille également les livres de Deb Dana qui a fortement contribué à diffuser cette théorie aux USA et est maintenant traduite en français. Si vous vous demandez maintenant comment vous réguler, elle propose un journal de pratiques polyvagales, très simples et accessibles 😉.
Et je ne peux terminer ce post sans vous parler de la série de BD de Art-mella sur les émotions : 3 tomes (et un 4ème à venir) à mettre entre toutes les mains, les petites et les grandes. Le tome 3 sur les différentes parts de soi explique justement les états régulés et dérégulés avec en bonus plein d’outils pour mieux se connaitre et se comprendre.
Alors courrez vite chez vos libraires préféré.e.s pour commander vos prochaines lectures ! 😉💙
PS : je viens de regarder cette vidéo que je trouve assez explicite si vous avez envie de creuser le sujet qui, je le redis, est à mes yeux, passionnant : https://www.youtube.com/watch?v=HVVpa_-pLkE
