J’ai participé récemment à des échanges informels entre Éroguides® (en formation) autour de la non-exclusivité (versus l’exclusivité) dans le couple. Ce sujet passionnant résonne tout particulièrement en moi depuis plusieurs années et j’ai l’envie de vous partager ce qui a émergé 😉.
Premièrement il est nécessaire de commencer par poser plusieurs définitions, entre intimité et sexualité, entre libertinage et polyamour, entre fidélité et tromperie, de bien définir la notion de couple et de son cadre, afin de bien comprendre de quoi on parle exactement : pour le dictionnaire, un couple se compose de deux personnes réunies dans une activité !
Et lorsqu’on se focalise sur le côté relationnel sentimental et physique, on parle alors de ce qui fait couler beaucoup d’encre depuis des siècles, de ce qui est à l’origine de bien des attentes, de projections, de discours, d’idéologies religieuses, de créations artistiques : la réunion officielle (et officialisée) d’un homme et d’une femme au sein de la société, et depuis peu dans certains pays, de deux personnes de même sexe : le COUPLE. Il faut prendre en compte qu’à l’échelle du développement de l’humanité, ces derniers sont des « bébés » couples qui portent encore à jugement, interdictions, bannissement … ils restent encore marginaux et la représentation populaire qui nous vient immédiatement lorsqu’on pense Couple est celui d’un homme et d’une femme amoureux et « mariés ».
Et si cette image d’Épinal était un leurre romantique ?
Ce « simple » concept de couple est encore aujourd’hui porteur de beaucoup d’injonctions sociétales, morales, religieuses, financières, sexuelles, corporelles, de déterminismes qui diffèrent selon qu’on soit né homme ou femme, dans un pays ou un autre, sur un continent ou un autre, dans une religion ou une autre …
Nous rendons-nous compte de la chance que nous avons de vivre à une époque dans laquelle nous avons le droit de choisir notre conjoint.e (par amour ?), de choisir de ne pas se marier sans attirer la honte ou le déshonneur sur sa famille : nous ne sommes plus obligé.e.s de nous marier civilement, religieusement pour vivre ensemble, nous pouvons divorcer, changer de partenaire sans rendre de compte, vivre en « Union Libre » avec qui on veut : la différence de culture, de classe sociale, de couleur de peau, de religion ne sont globalement plus des obstacles au couple.
Pour autant, il me semble qu’il subsiste toujours une attente plus ou moins consciente (et conscientisée) envers notre « amoureux.se » pour qu’il/elle subvienne à tous nos besoins :
👉🏻 notre besoin affectif en nous donnant le sentiment d’exister, de nous sentir accepté.e et apprécié.e pour plus de confiance en nous,
👉🏻 notre besoin relationnel en étant notre meilleur.e ami.e, notre confident.e, notre partenaire de sorties, de découvertes …
👉🏻 notre besoin sexuel (besoin de vous faire un dessin ? 🤔),
👉🏻 notre besoin de sécurité financière (et oui, c’est toujours d’actualité chez certaines personnes !),
👉🏻 notre besoin d’accomplissement : le couple n’est-il pas, après tout, un espace pour grandir ensemble ?
👉🏻 On peut aussi y voir un espace de « gestion » (plus ou moins efficace) de nos peurs, de nos angoisses : solitude, abandon, rejet, trahison…
Il est reconnu que majoritairement, nous cherchons à « réparer » au sein de notre couple ce que nous n’avons pas eu, ou pas pu avoir, dans notre enfance, à (re)trouver notre estime de nous, notre confiance en nous, à colmater notre dépendance affective et à nous guérir de nos maux, parfois à n’importe quel prix, jusqu’à l’oubli et jusqu’au non-respect de nous-même et de notre corps.
On se rend bien compte que ce challenge est lourd à porter pour l’Autre qui ne peut pas, ne sait pas (et n’ambitionne sans doute pas) jouer tous ces rôles : thérapeute, mère/père, grand.e frère/sœur, confident.e, meilleur.e ami.e, amant.e, initiateur.trice, collaborateur.trice, support psychologique, affectif et financier !
Pour ce qui est du besoin relationnel, qui n’a jamais partagé avec son/sa meilleur.e ami.e ses questionnements intimes ou existentiels, ses problématiques récurrentes, ses rêves … des sujets qu’on n’ose (ou ne souhaite) même pas aborder avec son partenaire de vie ? En 2024 dans les couples, l’infidélité y est avouée par 43 % des français et le taux de divorce est de 46 %. Et encore, ce dernier chiffre ne comptabilise que les couples mariés !!!
C’est dans ce contexte que la question de la non-exclusivité se pose : puisqu’il semble utopique de penser (et de chercher) une seule et unique personne pour répondre à tous mes besoins, pour combler toutes mes envies de partage, de connexion, de sexualité, de spiritualité, de cœur, alors pourquoi ne pas choisir plusieurs personnes avec qui relationner de façon plus « intime » ?
Alors pourquoi ne pas nouer différents types de relations avec différentes personnes qui vont venir répondre aux demandes des différentes parts de moi-même ?
Cette démarche/réflexion n’est pas récente ; le libertinage, qui a revêtu sa résonance actuelle au siècle des Lumières, propose une voie autre et offre des possibles pour tout ce qui est de l’ordre de la sexualité hors des liens du mariage (et du couple). Malheureusement ce mot reste teinté de souffre et de stupre : il attire aussi des hommes et des femmes qui y prétextent leur infidélité ; un « vrai » Libertin (au féminin ou au masculin) faisant preuve à minima de respect et d’honnêteté envers lui-même (et donc a travaillé un minima sur lui) et envers son partenaire « officiel ».
Lorsqu’il évolue en couple, les règles sont bien définies sur ce qui est autorisé ou non, sur les limites à ne pas franchir hors du couple. Il semble que ce concept se soit délité avec le temps : on assiste depuis quelques dizaines d’années (et encore plus depuis le Covid) à l’émergence d’une nouvelle catégorie de « libertins » qui ne respectent pas ces codes et cherchent uniquement du sexe à tout va. Sans doute aussi un effet délétère de la vulgarisation de la pornographie 🤔.
Le sentiment amoureux est-il exclusif ? Peut-on aimer deux personnes en même temps ? Voire trois ? ou plus ? C’est là que le Polyamour entre en scène.
Médiatisé depuis 15 ans en France, il a été pensé dès 1816 par Charles Fourier dans son « Nouveau Monde Amoureux » (qui ne sera publié qu’en 1967 !) : il y fait une critique du mariage exclusif qui enferme et asservit les femmes et y propose une alternative d’Amours Multiples à l’héritage de cette tradition patriarcale.
Le polyamour se définit aujourd’hui comme la capacité à relationner amoureusement avec plusieurs personnes en même temps. Cela implique honnêteté, communication vraie, confiance, dépassement de la jalousie, indépendance affective, autonomie sexuelle, égalité des rôles entre les partenaires, définition d’un cadre évolutif, ouverture d’esprit et compersion ( = l’inverse de la jalousie = se réjouir du bonheur d’autrui). Beau programme non ?
Pour tout vous dire, il m’est arrivé de discuter avec des polyamoureux.ses et si j’ai bien senti dans leurs propos la liberté que cela leur offrait, l’ouverture de tous les possibles à tout moment dès lors qu’on se sent Polyamoureux.se, j’ai rarement ressenti l’Amour vrai. J’ai entendu des beaux discours, de belles paroles, d’attrayantes promesses, mais en pratique j’ai surtout vu des comportements qui se rapprochaient plus de ceux de « mono-amoureux » ou de soit-disant célibataires avec de multiples partenaires sexuels pas toujours très francs du collier. Pour autant je reconnais n’avoir jamais vécu cela et émets la possibilité que mon ressenti soit biaisé par des filtres sociétaux et structuraux inconscients 🙄.
Néanmoins, ce que je trouve très intéressant avec ces nouveaux paradigmes, c’est la possibilité qui nous est offerte de réinventer le couple et les relations en s’affranchissant des codes ancestraux, de la morale patriarcale et judéo-crétine, de nous autoriser à ne plus nous couper de nos ressentis pour des raisons caduques ou malsaines.
Vaste challenge qui peut commencer justement par se questionner sur ce qui résonne en soi, dans son corps, sur comment on rêverait de relationner, selon quelles modalités et avec qui ? 🤔
C’est là que les Érotypes® et la sexothérapie interviennent comme de formidables outils pour mieux nous comprendre, comprendre nos besoins existentiels, relationnels et sexuels, dédramatiser nos envies, nos pulsions, nos aspirations, oser regarder la vérité de nos désirs, de nos corps, oser en parler, partager, oser expérimenter, explorer, seul.e ou à plusieurs, oser nous réinventer sans jugement aucun.
La magie de notre incarnation sur terre actuellement réside dans le fait que nous sommes en constante évolution pour imaginer, créer et enfin vivre une vie qui nous ressemble individuellement et collectivement ! Osons prendre le dur chemin de quitter une vie confortable intellectuellement parlant (car nous permettant d’exister) dans laquelle nous nous sommes installés si elle ne nous convient pas (ou plus) et osons nous réinventer joyeusement !!!
PS : et pour ceux que cela intéresse, je vous conseille le compte Instagram « Fidélité_mes_fesses », 😉.
PPS : Merci de m’avoir lue. Si ce post, écrit avec Amour et Attention vous parle, n’hésitez pas à le partager et à inciter vos ami.e.s à le lire et à s’y abonner 💫.